Adeline a accordé une interview au site internet RUNINLIVE.fr que nous retranscrivons ci-dessous:

Mon objectif : passer sous les 2h 35'

Archi-favorite pour le titre de championne de France de marathon dimanche dernier, Adeline Roche (Club athlétique du Roannais) s’est offert un premier titre sur sa distance fétiche, améliorant même de 4 petites secondes son record personnel (2h 38’31’’). À 26 ans, elle a tout l’avenir devant elle et ne veut pas se fixer de limite dans sa progression, même si elle sait qu’elle doit progresser sur les distances plus courtes, si elle veut un jour se rapprocher des 2h 32’, porte d’entrée des championnats internationaux.

Qu’est-ce que ça fait de prendre le départ d’une course dont tout le monde vous prédit la victoire ?

C’était particulier car il y avait la course et le championnat de France. Mon objectif premier était le titre, j’ai donc suivi mon tableau de marche lors de la première partie du marathon, sans trop me soucier des autres filles. Même quand Aline Camboulives avait une minute d’avance, je ne me suis pas affolée. Je suis passée en 1h 18’05 au semi, ce que j’avais prévu. Quand j’ai dépassé Aline au 23^e kilomètre, j’ai maintenu mon allure sans appréhension car les sensations étaient vraiment bonnes.

Avec à la clé, un nouveau record personnel sur un parcours peu propice à réaliser des grands chronos…

La première partie est quand même assez roulante, mais c’est sûr qu’entre Paris ou j’avais fait 2h 38’35 en avril dernier et celui-ci, je ne choisis pas les courses les plus roulantes. C’est pour cette raison qu’au printemps prochain, si je dois recourir un marathon à cette période, ce sera sans doute à l’étranger.

Vous n’avez que 26 ans et vous en êtes déjà à votre 4^e marathon en deux saisons. Ne pensez-vous pas être venue trop tôt sur cette distance ?

Je ne pense pas, car c’est vraiment ma distance favorite. Depuis que je suis en cadette, je fais des courses sur route et j’ai d’ailleurs été championne de France du 10 km en juniors et espoirs. Le marathon est une course que j’aime mais il faut également que je continue de faire des distances plus courtes pour progresser sur marathon.

À ce propos, vous avez dit que vous manquez de vitesse sur 10 km (record en 35’20" en 2006) pour vous permettre d’espérer un jour courir en 2h 30’. Ne pensez-vous pas que c’est parce que vous avez un peu négligé la piste en étant jeune que vous êtes aujourd’hui limitée en vitesse ?

Durant mes années cadettes, juniors ou espoirs j'ai toujours préparé les championnats estivaux sur piste et de cross-country où j'ai glané de nombreuses médailles ainsi que de nombreuses sélections internationales (18° au championnat d'Europe de cross). La route me préparait à mon avenir mais la priorité était la piste et le cross. Mes records sont : 4’37’’76 sur 1 500 m, 9’42’’31 sur 3 000 m et 16’43’’39 sur 5 000 m. Mais ces records datent de 2003-2005 et je pense en effet que j’aurai tout à gagner, pour le marathon, à continuer à travailler la piste. Mais en fait, dès mes années espoirs, j’ai été conviée aux stages nationaux de l’équipe de France avec les spécialistes de la route ce qui m’a permis de m’orienter rapidement vers la route qui me plaisait bien.

Concernant l’équipe de France, faites vous partie, s’il existe encore, du collectif marathon, mis en place par la FFA il y a deux ans ?

Oui l’année dernière, j’en faisais partie mais je n’ai pas eu encore de confirmation pour cette année. Ca m’a permis de faire des bons stages au Portugal en début d’année. C’est stimulant de se retrouver dans ces ambiances et ça m’a permis de progresser sur marathon. Maintenant, le problème c’est que les minima proposés ont été durcis, notamment pour les championnats d’Europe où on nous demandait de réaliser 2h32’ alors qu’il fallait faire 2h40’ pour aller à Berlin aux championnats du monde en 2009. Pour les mondiaux de 2011 à Daegu, on doit réaliser les minimas avant le 30 janvier mais le problème, c'est qu'aujourd'hui ils ne sont pas connus. J'espère que, compte tenu de mon âge et de ce titre, je puisse être retenue, cela contribuerait à solidifier mon expérience.  

Pour revenir à votre titre de championne de France de marathon, était-ce un objectif majeur de cette année ?

Pas en début de saison. Au départ, quand j’ai repris l’entraînement début septembre, c’était dans l’optique de préparer les championnats de France de semi-marathon il y a 15 jours. Puis mon entraîneur, Frédéric Augagneur, m’a proposé de tenter le France de marathon. Comme c’est ma distance préférée, je n’ai pas hésité trop longtemps.

Comment s’est déroulée votre préparation et à quel rythme vous entraînez-vous ?

Je m’entraîne 6 ou 7 fois par semaine, quand j’arrive à doubler une fois dans la semaine. Je garde toujours une journée complète de repos. Mais je bosse à plein temps, je ne peux donc pas doubler dans la semaine. Ma préparation s’est déroulée sans problème, en maintenant une séance de VMA sur la piste, et de la préparation physique et du travail de pied. Je tourne à 100-120 kilomètres par semaine pour les plus grosses semaines. La seule petite frayeur que j’ai eu c’est un début de sinusite 3 jours avant la course, mais ça ne m’a pas gêné durant la course.

Et maintenant, quelle va être le déroulé de votre saison ?

Du repos et quelques cross. Ensuite, on fera le point en fonction de la décision du sélectionneur...

Interview réalisé par Arnaud Laviolette - Photo Y.Marie Quemener